De retour à la maison, je déballai mes légumes sur la table de la cuisine et, kalice ! ils avaient un reflet franchement bleu qui donnait la chair de poule (était-ce dû à une pollution industrielle ?). Allez hop ! dans le faitout. A la télévision passait Lalanne, dans une émission qui plaisait bien à la gouvernante affectée à l'étage que j'occupais dans le palazzo. Appelons-là Mina. En fait cette blondinette-roussette venait surtout pour se passer du vernis à ongles et elle restait même parfois plus tard dans la soirée pour quelque moment de détente supplémentaire. Une situation qui me convenait bien, à l’époque, cette jeune personne n’étant point trop jalouse ni intellectuelle et toujours souriante.
Bon, il était temps de passer à table, la télé braillait, une voie intérieure me susurrait que quelque chose clochait, je fis le tour des pièces. Las, dans mon bureau l’ordinateur avait disparu (AVEC mon précieux SCRIPT !!!) ainsi que mon nounours en plâtre mauve et aussi mon vieux pot à crayon de murano. Je téléphonai aussitôt à VianelloPatta pour diligenter une enquête qui ne manquerait pas de confirmer les soupçons de vol que j'avais envers Mina. Ce fut une des périodes les plus sombres de ma vie.
Une page sombre ? En déplaçant l’ordinateur, la jeune personne avait fait tomber derrière le meuble les deux bibelots qui me restaient de ma tendre enfance à Zermatt, où j’avais deux nurses britanniques chargées de m’apprendre le russe et l’hindi. Je les retrouvai complètement par hasard, ils n'étaient pas abimés, je les replaçai sur l'étagère.
Une sourde tristesse m'envahit.